Retour accueil ==> Menerville.free.fr

#1 01-12-2016 20:13:21

Djillali
Membre
Lieu: algerie
Date d'inscription: 01-12-2016
Messages: 66

La ville s'endormait ... Et j'en oublie le nom ...

La ville s'endormait
.. .........
Et la fontaine chante
Et la fatigue plante
Son couteau dans mes reins
..........
Je sais depuis déjà
Que l'on meurt de hasard
En allongeant les pas

La ville.....


Décidément, la ville de Boumerdés ne me réussit pas beaucoup.
Et je ne l'aime pas plus qu'elle ne m'aime.
J'aime l'ancienne ville, celle d'avant la création de la wilaya.

C’était une petite ville sans prétention .
Celle d'avant " le Boulevard " et l'esprit " boulevard" , un peu comme l'esprit Sidi Yaia où les gens se la pètent snobinards , aisés du porte-feuilles mais indigents du cœur et inféconds de l’âme.
Ceux, pour qui, ces mille mètres linéaires de goudron représentent leurs champs Elysées .
Et leur horizon.

Je n'aime pas celle des trois cent cinquante logements construits en poulailler mais où pourtant le prix du mètre carré est l'un des plus cher d'Algerie.
Ni celle des huit cent où les gens s'entassent à qui mieux mieux.
Encore moins celle des mille deux cent, ni celle des villas d'un milliard, pas chers, même pour l'époque, et qui outrageusement, ont appauvris la nature environnante comme une déchirure dans le corps de la petite colline qui menait vers la mer.

Vous narrerais-je aussi l'histoire de ces bâtiments coopératives, pas coopérateurs du tout, où les sans fric,aux gros ventres opportunistes, ont amassé des fortunes en revendant place et carcasses où ils n'avaient pas investis un sou.

Et puis, que vous dire qui ne fait pas pleurer, quand on évoque les plages de ce Roche Noir qui n'avait de noir que le nom,ce lieu nature et paradisiaque d'avant la médiocrité, d'avant les vandales, d'avant que mes yeux se ferment à l'évocation de ce que nous tous avons perdu, à jamais, dénaturé, déboisé, défloré, comme une femme que des monstres sans lois, sans foi, sans états d’âme, ont violée, violentée, publiquement, années après années.

Et nous avons laissé faire, par paresse, par lâcheté, par incivisme caractérisé.

J'aime le Boumerdes d'avant monsieur Décamètre ce wali de pacotille qui sortait lui-même délimiter les lots à distribuer aux copains qui savaient la valeur d'un bon café ,non pas siroté, mais offert, la main pleine, tendue, au gus, patron des lieux.

Oui j'aime ce Boumerdes d'avant que le béton ne grisaille les champs de muscats ou de dattier dont la grappe pesait plus de plus mille grammes.

J'aime ce Boumerdes d'avant, où ma mémoire ne se souvient, aucunement, de toute cette pléthore de trains ou de bus qui déversent à toute heures, sa " cargaison" de robots affairés où nul ni personne ne connait personne.

Il n'y avait pas encore de gare routière, ni de gare ferroviaire , juste une halte. Une halte chemin de fer, sans prétention, où quelque rares michelines y déposaient une famille, par là, des jeunes par ci, allant à la plage ou aux champs, travailler la vigne où les plantations de Thomson ou de mandarines encore plus belles et plus juteuses les unes que les autres.

J'aime le Boumerdés d'avant où le rouget de roche, le mérou et le Saint Pierre se cueillaient presque à la main comme des fruits.
J'aime le Boumerdés d'avant l'invasion des baalelous où ce respectable et gentil Monsieur, sans age, creusa un puits,prés de l'unique station d'essence, l’équipa d'une chaînette et d'un broc en aluminium pour désaltérer gracieusement les passants qui revenaient de la plage, en route ,vers la station Sncfa.

J'adore ce Boumerdés d'antan,d'avant toutes les administrations inutiles, ,APC, Daira, Wilaya,pompeuses de fric,abritant des rapaces, où tout le monde connait tout le monde, où tout le monde bouffe en ogres dégoulinants à qui mieux-mieux, et où tout ce beau monde étincelant d'inculture,sapait la valeur des trésors que la nature généreuse à mis des millions d'années à peaufiner.

J'aime ce Boumerdes d'avant la venue des tcheplakhos, des sauterelles, des criquets pèlerins, des boubaltots, qui ont tout bouffé, vigne, orangers, citronniers,mandariniers, et, ya Rabi el 3ali, jusqu'aux plants de hindi ,plantant le désert dans le sol et dans nos cœurs meurtris.
Et désenchantés.

Et là, mon double, avec toute sa belle volonté, mon double généreux et le cœur sur la main ,mon double larmoyant, n'en peut mais.
Car là, vraiment ,croyez moi,je suis, irrémédiablement inconsolable.

Hors ligne

 

Pied de page des forums

Propulsé par PunBB
© Copyright 2002–2005 Rickard Andersson
Traduction par punbb.fr