Menerville

A Benzerga Hamidat, avec mes amitiés.

Les deux vitres baissée ma voiture filait sur l’autoroute cette après midi ! Il faisait un temps grisâtre mais un air frais ventilait la voiture !! Je faisais un petit 90 km/ h !
J’écoutais de la musique l’esprit ailleurs quand un tu tut rageur me fit lever les yeux.Une Dodoche blanche lancée à toute vitesse me doubla sur la droite.J’eus à peine eu le temps de comprendre la situation qu’un rire gouailleur retentit « Hé pépé , tu fais l’escargot ? »
Je souris et fis un signe de la main.Et là, defila devant mes yeux attendris l’image de ma Dodoche d’antan. Les belles choses qu’on a pues accomplir elle et moi ! Elle m’a emmené partout ! Au sud, dans l’Oranie, à Bedjaia et sur la route des vacances ...etc ! Je l’ai gardée 10 ans de ma vie.Elle a vu grandir mon aînée ,de la crèche au collège et je me souviens encore de toutes les choses extrêmement agréables qui défilèrent cette après midi sur l’autoroute noyant ma mémoire de souvenirs formidables !.Des images de Bila assise à l’arrière de la voiture en route pour la crèche.
On fhante papa !
Oui Bila allez commence :

…Bien thûr, nous theûmes des thorages
Vingt ans d'amour, the'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol…..

BIla chantait , Djillali chantait et tous deux s'égosillaient sur le regard amusé des passants ! Mais on en n’avait cure !Nous étions heureux et le monde s’ouvrait à nous. Djillali avait une fille et sa fille chantait Brel en s’amusant comme une folle et moi j’étais aux anges.On a appris ou réappris ensemble tout le répertoire de Brel , même les chansons les plus improbable pour une fillette de quatre ans !Il fallait voir la tête de son grand père quand à sa demande elle chanté l’air ravi :

Mon doux mon tendre mon merveilleux thamour,
De l’aube clair jusqu’à la fin du jour ;
Je t’aime encore tu thais,je t’aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimmmme.

Le grand père l’ arrêtait, la prenait dans ses bras et s’exclamait « khla dar echitane, qui t’a appris cela ! » et Bila du haut de ces 4 ans répondait fièrement « mais c’est papa ! « Ah si c’est lui, je ne dis rien ! » Et sa femme en grand mère attendrie souriait de l’air pincé de son mari.

Oui j’ai encore dans la tête la juvénile voix de ma fille et les paroles de Brel qui m’arrivent encore en cascade des mots avec un theveu thur la langue et un ravissant zozotement toujours suivi d’un rire magnifique !Ah Bila ce qu’on a vécu toi et moi, suffirait à remplir une vie .

Sur l’autoroute cette après midi, je me suis rendu compte que ma fille avait grandi !Elle s’est marié et le petit Mouhouche est venu !Je suis grand père et c’est ravissant car je crois que l’aventure de la Dodoche pourrait recommencer ! Il faudra juste que je réapprenne les textes de Brel que je réactive ma mémoire et Mouhouche et son papy entonneront eux aussi, à leur tour l’hymne à la vie nouvelle qui allait s’ouvrir encore fois dans le cœur d’un papy avide et jamais rassasié de rires d’enfant sous le regard et la bénédiction d’un Brel goguenard.

Alors, je me suis mis à chanter à m’entraîner pour Mouhouche pour être plus tard à sa hauteur ! D'abord hésitant, à voix basse, mais vite , je me suis entendu m' égosiller comme avant comme quand Bila était là. Les paroles en fidèles amies affluèrent et les automobilistes qui doublaient cette voiture qui se traînait, regardaient d’un air curieux , amusé, ou carrément moqueur l’image de ce grand père qui avait disjoncté et qui parlait tout seul en faisant de grands gestes qui parfois leur faisaient peur quand , emporté par la chanson , je lâchais le volant en faisant le chef d’un orchestre virtuel.
Mouhouche, si dieu me prête vie , je t’assure que les chansons qui ont égayées l’enfance de ta maman n’auront pas de secrets pour toi car ton papy est toujours aussi fou qu’avant et que tous ceux qui considèrent que la musique est un langage du diable aillent voir ailleurs si j’y suis. Dépêche toi de grandir et le ciel peut bien attendre un peu juste le temps de voir que nous deux, toi et moi, sommes capables faire les fous sur l’autoroute.